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Fours chapitre 2

four massif des bauges

Le pain constituait la nourriture de base aux siècles passé.

Il faut donc rénover les fours régulièrement tout en prenant des mesures pour éviter les risques d'indendie favorisés par les toits en Chaume.


Importance du pain

Les pains - Consommation quotidienne

marche_nordique_chambéry

Dans la plupart des villes de Savoie, les règlements municipaux distinguaient trois catégories de pains : « le tout blanc » ou « bourgeois », le « bise » ou pain des valets et le brun pour les pauvres. La composition du pain était donc différente selon les moyens et le statut social des familles.
Dans les Bauges, le pain des maîtres et des aisés, mais aussi celui des fêtes, était le pain blanc composé de farine de froment. Le mornal mélange de froment et de seigle et enfin le cavalin mélange d’orge et d’avoine pour le pain des valets et des pauvres mais que l’on donnait aussi, comme son nom l’indique, aux chevaux et aux mulets. Lors des périodes de disette comme entre 1690-1693, en 1709, et en 1749 rentraient dans la composition des pains de la farine de glands ou de pépins de raisins.
Le pain était absorbé soit sec, à la main avec ou sans pitance, soit trempé dans des soupes épaisses à base de fève, de pois ou de lentilles voir de châtaignes.
En 1771, l’intendant général estime, que 4 livres de pain, poids de Chambéry, c’est à dire 1674 g par personne, représente une consommation courante qui apparaît aujourd’hui comme gigantesque. C’était la base de l’apport énergétique journalier.
Le pain et les fours tenaient alors une place centrale dans la vie quotidienne.
Au 18e siècle, il n’y a pas eut de révolutions agricoles modifiant le régime alimentaire des habitants, on peut seulement citer l’arrivée de la pomme de terre en en 1776, qui avait atteint la France vers 1530, véhiculée par les Espagnols. C’est sa pénétration en montagne associée au développement des boulangeries au 19e siècle qui modifiera d’une part l’importance du pain dans le régime alimentaire et d’autre part l’utilisation des fours de villages.

Entretien et utilisation

Risque d'incendie- Tailleurs de pierre - Lettres patentes (1840)

Savoieenfourner pain
  • Les risques d'incendie

Aux siècles passés, les incendies sont nombreux et dévastateurs. Chaque fois, ce sont plusieurs maisons qui brûlent voir le village entier semant la ruine de la communauté. Les moyens de lutte sont peu efficaces renforcés par la disposition des villages et les matériaux utilisés. En effet, les villages sont concentrés et les toits contigus sont en chaume. On cherche alors à prévenir tout risque d’incendie.

  • Les réfections au four de la Compôte 1777

Un sinistre ravagea Ecole-en-Bauge les 4 et 16 juin 1777 faisant 58 sinistrés. Dès lors, il est sans doute possible d’établir une corrélation entre cet incendie et le procès verbal estimatif des réparations au four de la Compôte de septembre 1777 : « les fours du lieu sont à la charge de la communauté, sont en mauvais état et ont besoin de pressentes réparations pour prévenir l’incendie de ce hameau… ». On estime alors le prix des matériaux et de la main d’œuvre et l’on demande l’approbation de l’intendant général. Le vice-intendant général Baron d’Alonsier le Sieur donne son approbation au devis. Il est alors ouvert un concours du peuple pour obtenir le meilleur prix. Sont retenus 2 maçons et tailleurs de pierres du Châtelard et un de Samoëns : « j’ai fait lecture des dits actes de délibération…Celui à qui la mise restera, doit fournir au dit four proche de l’église : sept mollasses d’un pied et demi, refaire d’une demie toise la voûte qui est au-dessus du dit four et faire pour la dite voûte un mur en pyramide plus élevé, couvrir le dit mur de pierres plates, refaire à neuf une base et un mur pour la fondation,…, de faire 16 coins et les placer à la voûte du dit four, refaire à neuf l’autre four qui est proche de la maison des Jaccoz. » Pour ce second four, l’artisan devra fournir de la chaux, boucher le vide entre les murs du four et la maison Jaccoz, vernailler tous les murs et fournir la mollasse et les coins. Si la main d’œuvre et une partie des matériaux sont à la charge de l’administration la communauté utilisant le four reste chargé « du port des dits mollasses, coins, chaux et encore du port de la dite porte, fournir les cintres, les pierres non travaillées et tout le sable nécessaire au dit ouvrage ».

  • Les tailleurs de pierres

A cette époque tout le monde était un peu maçon et il peut paraître curieux qu’un artisan vienne de Samoëns pour effectuer des travaux. Ainsi, les professionnels reconnus venaient du Haut Giffre et particulièrement de Samoëns et Sixt. Le premier village cité possédait une école de maçonnerie ouverte l’hiver et qui était l’une des plus anciennes écoles de métiers, leur fête corporatiste datant de 1612. L’abbé Gex nous dit aussi que « le bâtiment a fixé en bauge quelques familles piémontaises » qui réintègrent leurs villages durant l’hiver. On les appelle les « patchoquins » du piémontais pacioca ou bouillie de plâtre. « On trouve une famille par vallée sauf à Bellecombe, Arith et Ecole qui eurent toujours leurs maçons et tailleurs de pierres du pays ».

  • Les lettres patentes

Par la suite, les archives de la Motte-en-Bauges nous apprennent que des règlements concernant les modalités d’implantation et d’utilisation des fours sont définies dans des lettres patentes du 11 août 1840. Il est alors stipulé que « quiconque voudra établir ou remettre en activité un four, un fourneau ou une forge devra en prévenir préalablement le syndic, lequel ordonnera les mesures nécessaires pour prévenir tout danger d’incendie. » Ces lettres patentes obligent le conseil de chaque commune à nommer trois commissaires pour faire la visite des fours et cheminées. Cela sera fait à la motte le 4 et 5 juin 1841. Les fours communs des hameaux de la Frenières et du Mollard sont alors refaits à neuf mais un conflit éclatera à cause d’un four interdit car trop dangereux mais dont la communauté continue de se servir : « Ce four est non seulement un four particulier mais aussi banal, y voit presque chaque mois de 40 à 50 ménages y faire cuire le pain, tant le jour que la nuit, de manière que le four est constamment allumé, en cette occurrence le public est dans la crainte d’éprouver l’incendie » Cette lettre fut envoyée à l’intendant général en demandant la destruction du four.
Progressivement, on prend de plus en plus de mesures de prévention des incendies. Ainsi, en 1875 le maire de la Motte-en-Bauge prend un arrêté « considérant que la plupart des incendies qui pourraient avoir lieu dans la commune peuvent être attribués à la négligence ou à l’imprudence des habitants ». Il stipule que « les fours servant à la cuisson du pain de plusieurs particuliers ou d’une section de la commune, doivent être couverts en ardoise, entendu que le feu étant allumé pendant plusieurs jours pourrait sous la couverture en chaume, par l’imprudence de quelques personnes, partir en incendie » En 1899, le maire considère que « la destruction des ¾ du hameau du rocher causé par l’incendie du 23 juillet 1899, est due aux toits en chaume ». Il prend alors un nouvel arrêté interdisant les couvertures en chaume sur les bâtiments neufs.
Parfois, ce sont les fours que l’on détruit ou que l’on ne répare pas, témoignant ainsi de la perte d’importance dans la vie quotidienne Ainsi à Jarsy, le 6 décembre 1925 « le conseil municipal… considère que l’emplacement du four ne peut être d’aucune utilité »« à la demande des habitants de Belleville qui désirent que la commune vende l’ancien four banal de leur village pour les raisons suivantes : 1/ le four démoli ne peut être remis en état, il convient de tirer parti de la charpente et des matériaux de démolitions. 2/ par la suite de nouvelles constructions, le four ne pourra être reconstruit au même emplacement sans risque d’incendie. 3/ le conseil décide que la commune…participera à la construction d’un nouveau four si le besoin s’en fait sentir. »